Les implants intraoculaires

Généralités

Il existe plusieurs types d’implants intraoculaires, nous parlerons dans ce chapitre des implants de chambre postérieure, utilisés pour compenser l’aphakie (absence de cristallin) après chirurgie de cataracte ou du cristallin clair.

Principes communs aux implants
Le biomatériel :
Initialement en silicone, ils sont désormais pour la plupart en polymère souple dont la composition exacte est propre à chaque implant. Il en existe deux grands types de polymères souples : les hydrophiles et les hydrophobes.

Les différents formes d'implant intraoculaire de pseudophaquie (liste non exhaustive).
Chirurgie de cataracte par phakoémulsfication et injection d'un implant intraoculaire.

Il existe différentes architectures des implants. L’architecture ou forme de l’implant diffère selon le biomatériel utilisé mais aussi le type d’optique (mono ou multifocal).
On trouve couramment :

  • des implants 3 pièces monoblocs qui sont constitués d’une optique et 2 haptiques. L’angulation entre optique et haptique peut être nulle ou minime (souvent 5°) afin de favoriser la stabilité de l’implant dans le sac capsulaire
  • des implants monoblocs dits navettes : un monobloc unique comprenant l’optique au centre et en périphérie des haptiques courtes et pleines
  • il existe ensuite différentes positions et nombres des haptiques périphériques

Implants monofocaux et toriques

Particularités et différences entre les implants.
Les implants les plus standards sont les implants monofocaux (la lumière est déviée par un seul foyer et donc arrive sur la rétine au même endroit). Il s’agit dans la plupart des cas d’une lentille convergente (exceptionnellement divergente en cas de longueur axiale très importante). En fonction du choix de la puissance de l’implant il est possible de définir en pré opératoire le type de vision que désire privilégier le patient, vision de près, vision intermédiaire ou vision de loin. En revanche il n’est pas possible avec ces implants d’avoir les visions de loin, intermédiaire et de près en même temps. Ces implants ne provoquent pas de halos nocturnes du fait de l’absence de réseau diffractif à leur surface. 90% des implants posés à l’heure actuelle sont de ce type. La tolérance est excellente et il n’existe plus de risque d’opacification de ces implants avec le temps. Leur durée de vie est illimitée.

Les implants toriques incluent la correction de l’astigmatisme afin de diminuer le besoin de correction en post opératoire. Ils peuvent être de tout type, monofocal, multifocal ou encore profondeur de champ.
Il s’agit d’implants faits sur mesure à positionner sur un axe précis afin de corriger un astigmatisme cornéen. Ainsi le marquage pré opératoire juste avant la chirurgie ou lors de la biométrie en consultation est nécessaire. Au sein de l’implant la correction prend en compte l’astigmatisme du patient.

Mise en place d'un implant multifocal torique, vous pouvez voir l'axe bleu comme repère pour le positionnement à 179° afin de corriger l'astigmatisme.
Schéma de l'œil presbyte et de sa correction par lentille convergente.
Image d'un implant (dans l'air pupillaire) torique (corrigeant l'astigmatisme) chez un patient ayant déjà subit une greffe de cornée auparavant.

Implants multifocaux

Implant multifocal
Implant multifocal dans l'air pupillaire, on peut y voir dessus les mires permettant d'y voir de loin et de près.

Les implants multifocaux sont apparus à la fin des années 1990. Ils comportent l’énorme avantage de permettre aux patients d’avoir une vision de loin et de près pour les bifocaux (les premiers apparus).
Désormais il existe des implants trifocaux qui permettent une vision de loin, de près et intermédiaire.
Il s’agit d’implants qui comportent à leur surface un réseau diffractif ou réfractif permettant de dévier la lumière sur deux foyers rétiniens différents en fonction de la sollicitation (vision de loin ou de près par exemple).
Pour les trifocaux il existe 2 réseaux diffractifs différents à la surface de l’implant permettant d’avoir la vision intermédiaire en plus.

De plus ces implants peuvent être toriques et donc corriger aussi l’astigmatisme du patient.
Le principal inconvénient de ces implants est la présence de halos de manière certaine, qui peuvent gêner lors de la conduite nocturne (déformation de la lumière autour des phares).
C’est une information à prendre en compte en pré opératoire par le patient avant de choisir ses implants.

Halos autour d'une source lumineuse de nuit

Implants à profondeur de champ

Les implants à profondeur de champ sont les derniers nés.
Ce sont des implants monofocaux « améliorés » par plusieurs technologies différentes qui permettent aux patients d’avoir une vision de loin et une vision intermédiaire (smartphone ou écran d’ordinateur par exemple). En aucun cas ils ne dispensent de lunettes pour lire de près mais ont le gros avantage de ne pas provoquer de halos lors de la conduite nocturne.

 

Divers questions à propos des implants

Qu’est ce que la cataracte secondaire ou opacification de la capsule postérieure?
Dans tous les cas il peut survenir après une chirurgie de cataracte une opacification de la capsule postérieure que l’on peut appeler cataracte secondaire. La capsule postérieure précieusement gardée pendant l’opération s’opacifie avec le temps, ce qui provoque une baisse d’acuité visuelle. Une simple capsulotomie par laser yag peut être pratiquée par la suite en consultation. Il s’agit d’une procédure très rapide et peu risquée permettant une remontée rapide de l’acuité visuelle.
L’opacification peut survenir dans les mois ou années suivant la chirurgie de cataracte.

Est-il possible de faire un rejet de l’implant ?
Un rejet de l’implant n’existe pas à proprement parlé mais dans de très rares cas, une réaction inflammatoire peut survenir en post opératoire. Il est alors nécessaire d’augmenter la posologie du traitement post opératoire par collyres anti inflammatoires et réaliser un suivi rapproché. Ce type de réaction cède en quelques jours avec un traitement bien mené.