Comment déterminer la puissance de votre implant de chirurgie de cataracte?

Les patients me demandent souvent quel implant va être posé ? Pour ce qui est du type d’implant (mono, multifocal, torique, profondeur de champ…) et donc de la fonction de ce dernier, je vous laisse aller sur ce lien.
À propos de la puissance de l’implant vous êtes au bon endroit.

Chirurgie de cataracte par phakoémulsfication et injection d'un implant intraoculaire.

En effet un implant intraoculaire est une lentille dont la puissance varie et est à adapter à chaque œil. L’implant peut être à assimilé à un verre de lunettes qu’on injecterait directement dans l’œil. Ainsi il est nécessaire de calculer la puissance de l’implant pour atteindre la réfraction cible que l’on a au préalable déterminé avec le patient. C’est un moment très important de la consultation car c’est en discutant avec le patient que l’on peut déterminer le choix de la cible réfractive (vision de loin ou de près) avec un implant monofocal. Bien entendu avec des lunettes le patient pourra voir de loin ET de près. Si le patient désire voir de loin et de près sans lunettes alors il est nécessaire de poser un implant multifocal.

Une fois la cible réfractive déterminée, nous réalisons des examens afin de recueillir les données nécessaires au calcul de l’implant. Ce calcul est une réelle science qui s’améliore d’année en année avec une précision de plus en plus proche de la perfection. Les formules de calcul utilisées sont d’ailleurs secrètes et font l’objet d’une réelle course scientifique avec des publications en permanence.. Le choix de la formule dépend des habitudes du chirurgien et des caractéristiques de l’œil du patient.

À l’interrogatoire il faut recueillir les antécédents de chirurgie réfractive car il existe une modification de la courbure naturelle à prendre en compte. En effet une grande partie du pouvoir réfractif de l’œil est basé sur la courbure cornéenne. Lorsqu’elle est modifiée par le laser pour compenser par exemple une myopie ou une presbytie elle n’est plus d’origines et les outils la mesurant peuvent être pris en défaut. Donc chez ces patients on utilise des formules de calculs d’implants adaptés ainsi que la réalisation systématique d’une topographie de mesure de la courbure cornéenne.

Carte topographique comparative (avant et après chirurgie) de la cornée montrant une diminution de la kératométrie centrale pour compenser la myopie

Ensuite on effectue au cabinet un examen dénommé : biométrie oculaire qui va mesurer les caractéristiques de votre œil nécessaires pour le calcul.
On retrouve :
-la kératométrie (mesure de la courbure cornéenne)
-la profondeur de la chambre antérieure
-la longueur axiale du globe oculaire
-l’épaisseur du cristallin
-la mesure du diamètre cornéen (évalué par ce qu’on appelle le blanc à blanc)

Avec ces éléments on réalise le « calcul d’implant » qui donne la puissance de l’implant à sélectionner pour atteindre la réfraction cible.
Il faut toutefois savoir qu’un paramètre du calcul ne peut être connu à l’avance : il s’agit de la position finale de l’implant dans l’œil opéré qui peut varier de quelques millimètres en raison de l’espace disponible dans le sac cristallinien. Ces variations expliquent que le résultat varie en général d’une demi-dioptrie autour de la cible réfractive définie avec le patient.

Biométrie par un IOL 500 (Zeiss®) pour un œil gauche: -Formule utilisée: SRK/T -n: indice de l'appareil -Réfraction cible: emmetropie -AL: longueur axiale -K1 et K2: kératométrie -Profondeur de chambre antérieur Dans ce cas le blanc à blanc et l'épaisseur du cristallin sont pris en compte mais n'apparaissent pas.
Présentation de la puissance de l'implant en fonction de la réfraction cible. Colonne de gauche la puissance de l'implant en dioptries, colonne de droite la réfraction cible. Par exemple dans ce cas avec un implant de +18 dioptries on aura en théorie une réfraction post opératoire de -0,11 dioptries soit quasiment l'emmétropie parfaite.

Selon les cas on peut compléter la biométrie oculaire par une topographie cornéenne notamment en cas d’astigmatisme cornéen afin de positionner au mieux l’implant torique et de vérifier qu’il ne s’agit pas d’un astigmatisme pathologique.

Au sein de notre centre la biométrie oculaire est en général associée à la réalisation d’une microscopie spéculaire pour rechercher une éventuelle fragilité cornéenne endothéliale. En effet en cas de fragilité cornéenne des précautions particulières seront prises pendant la chirurgie afin de garantir un résultat opératoire optimal.

Implant torique en post opératoire, on peut voir les repères sur l'implant positionné à 90°